Le théâtre de musique

Au stage d'orgue nous avons fait une "dictée de jeux" et j'étais nul pour reconnaître les timbres mais visiblement mais pas le seul. Par contre je me suis fait quelques petites réflexions. Pourquoi appelle-t-on le même jeu "montre" en France et "Principal" en Germanie ?

Je crois que cela tient à une conception du monde. La France en ce temps est un pays où les gens de bonne société aiment à se parer et à se "montrer" donc le jeu principal prend se nom car il est le premier à se montrer. En revanche l'équivalent allemand est perçu comme le "princeps", le premier dans l'ordre hiérarchique.

J'ai une conception très large du rôle des ornements dans la musique de Bach. Il ne s'agit pas pour moi de simples "décorations" ou d'"agréments" pour plaire, mais le développement du Verbe sous forme de son et d'une ligne mélodique d'une profusion exubérante au point que notre analyste du choral "Mon Dieu viens sauver les païens" ("Nun komm der Heiden Heiland" en version cantate) a vu dans la fin un quasi "délire ornementatif" du à l'entrelacement du motif comme un arbre qui prolifère sans fin en multipliant les rameaux.

Je crois plutôt que le discours ornementé s'enchevêtre de façon inextricable dans ses propres méandres car il traduit la profusion infinie du Verbe qui est comme par hasard est énoncé au "récit". Et cet "agrément ornementatif" est en même temps plaintif (le fa dièse dans le choral sol sol fa# sib porte le poids de tous les péchés du monde), car dans l'univers chrétien l'être est à la fois souffrance et béatitude, passion et résurrection, détresse et gloire, imploration suppliante et prière de gratitude.

Sans cet arrière plan, je crois que l'essentiel risque d'échapper à l'analyste même chevronné. L'univers musical comme le monde est un théâtre aux multiples facettes.

D'ailleurs je crois que finalement une vie avec des enfants pratiquant la musique a quelque chose d'idéal dans la mesure où le bonheur individuel ne dépend plus de l'autre car la pratique musicale peut venir combler par elle-même le vide existentiel. En plus la méthode de Marie Jaëll peut s'appliquer à tous les sens et devenir une pratique spirituelle à part entière.

Elle permet d'appliquer le "sutra de l'attention" du bouddha en lui donnant une profondeur unique et de multiplier les canaux. La concentration qui s'opère entre les doigts (la partie la plus sensitive du corps) et le coeur (le centre de l'être) peut s'étendre et se globaliser dans l'ensemble du corps physique sans perdre sa précision inhérente. 

Le partenaire et compagnon vient alors apporter un enrichissement substantiel. Il n'est plus un simple ornement ou un bibelot ni le support sur qui on comtpe pour décharger ses propres problèmes. Je vais donc devoir partir en quête d'une personne partante pour un tel projet quitte à m'inscrire dans une agence matrimoniale quand je me sentirai suffisamment confiant ou définitvement fou afin d'exposer mon projet, ce qui promet au moins d'être assez amusant et instructif à défaut de conclusif comme une cadence bien menée ou juste rompue.