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Fantaisies autour de l'orgue et des claviers
6 septembre 2015

François Couperin galant et observateur de la condition humaine

J'apprécie beaucoup le style de la musique ancienne au clavecin. J'aimerais prendre quelques cours avant d'aller dans un magasin faire des essais en me faisant passer pour un futur client. Je viens de découvrir le compositeur Claude Jacquet de la Guerre qui écrit très bien la musique tant instrumentale que vocale.

220px-Elisabeth_Jacquet_de_La_Guerre

https://www.youtube.com/watch?v=v20gxyIRQPU

J'aime bien cet univers multiple où le "récit" musical et/ou réthorique a toujours plusieurs sens et plusieurs lectures possibles : "mondaine", "courtoise" et même théologique. Aucun registre ne s'oppose dans cet univers et l'auditeur peut traverser l'espace sonore en "passant" littéralement d'un monde et d'un univers à un autre. L'écriture est régie par des lois strictes mais laisse en même temps la liberté d'"agrémenter" l'esprit sans saturer la conscience tant de l'auditeur que de l'interprète en donnant des marges de "silence" et de repos importantes. Il faut aussi savoir lire entre les lignes. 

Les références au monde de l'amour sont omniprésentes voire obsessives. On croirait voir par nos oreilles l'univers des soufis transcrits qui parcourent les sentiers de la Bien-aimé(e) en sons dans un tout autre contexte que les déserts orientaux. Le compositeur ne se contente pas de décrire une société et des personnes rencontrées réelles en multipliant les références sociales :  il peint des chemins amoureux en usant un langage à peine métaphorique. 

L'auteur abandonne l'intitulé chorégraphique pour se faire le serviteur attendri ou naïf, ironique ou espiègle de la pièce de caractère, du portrait psychologique ou de la page pittoresque. Cela ne l'empêchera pas d'apercevoir ou de brosser des fresques comme les Fastes de la grande et ancienne ménestrandise ou les Folies françaises, dans lesquelles il peint, sur une basse contrainte, les dominos masqués et agrémentés de différentes couleurs qu'il a vu tourner à la ville.

Qu'on en juge simplement aux titres chez François Couperin le maître de "l'art de toucher le clavecin" dans ses suites colorées par des "ordres" :

"les roseaux", "l'engageante", les "folies françoises" avec ses fameux "dominos" qui cachent différentes vertus (virginité sous couleur invisible, pudeur sous la couleur de rose, ardeur sous domino incarnat, esperance sous domino vert, fidélité sous domino bleu, coquetterie sous "différents dominos" , "vieux galants et trésorières suranées" sous dominos pourpres et feuilles mortes, jalouise taciturne sous domino gris, et frénésie ou désespoir sous domino noir, etc... ).

La gamme complète des sentimens amoureux est évoquée : l'âme en peine du "rossignol en amour", la "fauvète plaintive" de la linotte éffarouchée par le Rossignol vainqueur, le "dodo ou amour au berceau" qui suit sans doute les ébats du gaillard boiteux, de la muse-plantine ou de l'artiste.

Qui porte le masque de la "douce et piquante", l'"évaporée", les "vergers fleuris", l'"himen amour", l'attendrissante, l'ingénue, ou la calotine dans la "pièce à tretous"  ?

Soeur Monique, la petite chrémière de Bagnolet, la Superbe, la Létiville, la distraite, l'aimable Thérèse, le drôle de corps, les grâces incomparables ou les antiques vestales ?

Bref François Couperin a une imagination débordante qui s'assortit très bien avec son sens de l'observation concrète et son analyse quasi métaphysique de l'âme à travers ses petites pièces concises et expressives comme des portraits de La Bruyère peignant un caractère.

Familier de la commedia dell'arte, il vit au temps de Watteau et dessine comme lui les Bacchantes, le Carillon de Cythère, l'Arlequine ou les Dominos. Il se plaît à définir les sentiments en passant des Charmes aux Langueurs tendres, de la Muse plantine aux Regrets. Poète, il se crée toute une métaphysique lorsqu'il analyse les Ombres errantes, l'Âme en peine ou les Barricades mystérieuses. Écrite à trois voix, chaque pièce est agrémentée d'ornements qui font rebondir l'une quelconque de ces trois parties ou qui pimentent l'harmonie. Contrairement à ce que l'on dit, Couperin ne se complaît pas dans la miniature ou le tableautin. Il lui suffit de quelques mesures (l'Unique) pour atteindre la majesté, et il côtoie la grandeur louis-quatorzienne dans la passacaille en si mineur ou la chaconne intitulée l'Amphibie. Pour Couperin, le classicisme obéit à des constantes d'équilibre et de concision qui laissent toujours place à la fantaisie. (article Larousse en ligne)

Jacques Dufly évoque de son côté les grâces sans équivoque possible.

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Fantaisies autour de l'orgue et des claviers
  • Je suis pianiste-organiste grand amateur mais je souhaite progresser et acquérir une qualité professionnelle par l'application de la méthode de Marie Jaëll restituée aux différents claviers.
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