Enfants-musique

C'est le titre d'un conte musical de Roger Calmel que j'aime faire avec mes élèves et que je reprends au moins une fois par an avec une classe.

Ma fille vient de rentrer dans une excellente école maternelle avec apprentissage personnalisé et elle est visiblement très heureuse d'y aller (son vieux papa ne l'intéresse déjà plus à part pour l'emmener aux jeux dans les parcs). J'ai eu un très bon contact qui présage une collaboration fructueuse entre les parents et l'institution. J'espère que nous en ferons une bonne voire excellente musicienne en plus de savoir lire rapidement.

Providentiellement, j'ai rencontré un personnage étonnant de 71 ans qui cherchait du matériel de jeu d'échecs dans ma classe que je préparais pour acceuillir les enfants la semaine prochaine. Alors que je commence à dire que la musique peut être parfois lassante (je parlais en fait de la musique à l'école dans le contexte scolaire...) il me regarde les yeux avec un air effaré comme si j'avais dit une énormité.

Nous engageons la conversatione et j'apprends qu'il est une sorte de "Père Polgar" du jeu d'échecs (matière que j'ai pratiqué intensément en compétition dans ma jeunesse) puisqu'il a élevé cinq enfants qui sont devenus cinq professionnels de la musique au plus haut niveau en entrant pour la plupart très jeune au CNSM. Le petit dernier a 25 ans et passe des concours internationaux de piano.

Je lui demande évidemment des conseils à défaut de "recettes" et il me fait part d'une expérience incroyablement riche, manifestant une vision globale et de l'ensemble du système d'enseignement grâce à cette expérience unique, des concours et surtout de tous les ressorts cachés et occultes qui permettent de passer de l'ombre à la lumière et pourquoi certains y parvienne et d'autres non.

Ce qui est certain c'est que les bons professeurs vont s'intéresser à ceux qui vont permettre de les faire eux-même indirectement briller et que lorsqu'un enseignant ne convient pas il ne faut pas hésiter à en changer très rapidement (maxime que j'aurais du appliquer à mon propre cas).

Dans le cas de ma fille j'ai confiance que ses ensiegnants qui en ont maintenant la charge ne vont pas la délaisser et s'appliquer à la faire progresser, car notre éducation "à la maison" pendant ses trois premières années a porté ses fruits. Paradoxalement, alors qu'elle n'a que très peu vu d'enfants de son âge, elle est une des plus sociables et a compris tout de suite les règles de vie collective en s'y adaptant très bien (ce qui ne l'empêche pas d'être souvent infernale avec sa maman qu'elle peut mordre férocement !). En l'accompagnant ce matin elle était impatiente de profiter de son nouvel environnement et à la sortie elle était très contente.

Alors c'est sur que s'occuper et éduquer des enfants c'est un sacrifice à tous les niveaux. Mon collègue de jeu d'échecs est même assez malheureux que sa progéniture ne lui voue pas de reconnaissance après tous ses efforts qui ont été perçus comme un du et il a vu qu'ils étaient en quelque sorte "happé" par un système à partir d'un certain âge et qu'il ne contrôlait plus rien.

Jean Alain disait qu'il n'y avait que deux façons de vivre : avec des enfants dont on s'occupe à qui on fait partager une passion ou en exerçant la vocation de prêtre. Il a oublié la vocation érémitique qu'il ne connaissait pas mais qui ne me concerne pas.

Mon logeur, un autre Jean père de six enfants qui a la charité de m'héberger est un chrétien fervent (on a fait des prières avant de se coucher un soir c'était très bien après d'intenses discussions théologiques) qui ne jure que par le mariage version chrétienne "deux âmes dans un seul corps", fidélité, don de soi, etc... Je connais par coeur la chanson souvent bien loin de la réalité ce qui donnerait à y réfléchir à deux fois.

Mais il reste indiscutable qu'il faut bien trouver un sens à son existence et un idéal plutôt que se faire l'apôtre du néant.