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Fantaisies autour de l'orgue et des claviers
16 août 2015

Les bons mots de Tournemire

Ces bons mots ne doivent pas faire illusion. Ils cachent une profondeur de pensée, une vaste culture et des petites notes fort intelligentes qu'il est impossible de résumer en quelques lignes

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"Relater de bonnes ou de mauvaises digestions, les heures préférées de travail, certaines habitudes inhérentes à la vie matérielle de tous les jours, les faiblesses plus ou moins avouables, qu’importent ces choses? Une seule importe: la portée morale et philosophique basée sur la connaissance de la vie".

 

"Le professeur d’harmonie se nommait A. Taudou; son enseignement était «propre», mais d’une timidité excessive: il n’était question que de chasse aux quintes, d’imitations qu’il ne fallait surtout pas rater sous peine d’excommunicationmajeure; A.Taudou ne me digérait point. Que de fois, en lisant mes devoirs agrémentés de quintes, que j’aimais pour leur bonne sonorité, l’entendis

-je me dire: «Vous n’êtes pas musicien! Vous ne le deviendrez jamais !!!»

Vingt-cinq ans après, ce pauvre vieil homme, ému, vint me féliciter d’un psaume pour orchestre et chœur de ma composition, exécuté sous la déplorable direction de l’auteur des «p’tites Michu», André Messager, à la Société des concerts du Conservatoire de Paris. J’aurai, du reste, l’occasion, en ces mémoires, de revenir sur cette exécution capitale!"

 

"Le compliment banal que je lui fis, sortant de la bouche d’un jeune homme, détermina chez lui une réaction due au malheur: il m’embrassa, m’étreignit, me dit: «Vous aimez donc mes improvisations?»

Je laisse aux cœurs sensibles, aux hommes intelligents, le soin de méditer sur cette scène tragiquement douloureuse! La chaleur d’un pareil accueil éveilla subitement en moi, pour ce vieillard au large front, à l’œil d’une extraordinaire mobilité, respect, admiration, confiance.

J’allai droit au but. Je lui dis mes déceptions conservatoriales. Son visage devint un peu sévère, exprimant sans doute son apparent mécontentement de l’opinion que j’émettais sur mes éducateurs «

d’avant la lettre».«Alors, me dit-il, d’une grosse voix légèrement chaudronesque, vous ne craignez pas de passer pour un transfuge, si, après vous avoir examiné, je vous prends dans mes filets ?»

Le mot «transfuge» était inconnu de moi. Il me l’expliqua. Ma réponse fut:«Je serais si heureux de travailler avec vous!»

Jamais on ne sortait démoralisé de chez le musicien séraphique; mais, certaines observations, dites en peu de mots, généralement doux et pénétrants, frappants et justes, éclairaient l’âme et réchauffaient le cœur.«L’influence» forcément subie, le faisait sourire. Que de fois, pour notre part, ne lui avons-nous pas entendu dire: «Cherchez vous»;

Des années seront nécessaires»...La bonté de César Franck était incommensurable. S’il vivait pour l’art transcendant, il savait néanmoins se pencher sur la vie de ceux qui venaient à lui. Il possédait, à un degré éminent, l’intelligence du cœur".

"Deux mois après cet événement, qui pour moi fut catastrophique, Ambroise Thomas-ce musicien en marge de la musique-eut l’idée de préférer monsieur Charles-Marie Widor à Alexandre Guilmant comme successeur du «musicien des anges». Je n’oublierai jamais l’arrivée, sur la pointe des pieds, tel une danseuse en «tutu», du nouveau professeur de la classe d’orgue.

Son air dégagé, son front fuyant, son long cou, le tout se rapprochant de «l’œuf placé sur un coquetier», un veston aux couleurs bariolées du premier «faiseur» d’alors, ne cachant qu’une légère partie de ses fesses, un gilet et un pantalon «ad hoc», me rendirent le personnage immédiatement intolérable.

Tout ce que je dois retenir des six mois passés auprès de l’organiste de St-Sulpice porte sur sa formidable technique. On sait que Widor avait été l’élève le plus brillantde Lemmens. Ayant la faculté d’enseigner, il opéra rapidement un redressement de la classe à l’unique point de vue

de l’exécution. J’aurais mauvaise grâce à ne point l’avouer ici et ce serait injuste au premier chef".

 

"C’était un ancien secrétaire au sénat, fumant la pipe exagérément, expectorant bruyamment. Chercheur (!) imaginaire d’idées musicales, il se servit de moi. Se croyant inspiré, méprisant l’honnêteté du labeur nécessaire au développement de la technique acquise chaque jour davantage, il sombrait dans l’amateurisme le plus dégradant qui soit.

Trois ou quatre mesures d’un thème invraisemblable venaient-elles de sortir de sa cervelle fumeuse, qu’aussitôtj’avais pour mission, non seulement de les continuer, de les développer, mais encore d’harmoniser, de construire, et d’orchestrer. Il ne s’agissait de rien moins que de mettre sur pied des ouvertures, des drames à l’usage des collèges jésuitiques du monde entier".

"Dans le courant de l’année 1900, je fis la connaissance d’une femme extrêmement supérieure qui devint mon élève d’orgue. Par elle, j’eus quelques apprentis musiciens !

Je retrouvai assez facilement les fameux cinq cents francs-or! Mais ce qui fut beaucoup mieux que cela, et d’ordre providentiel, fut la sympathie croissante entre ma «bienfaitrice» et moi. Sympathie qui se mua, par la suite, en un grand amour de part et d’autre, amour qui devait être béni par Dieu, le 3 novembre 1903. J’aurai, plus loin, l’occasion d’exalter les vertus de celle, qui, durant 17 années, fut pour moi un idéal soutien...un flambeau !"

"Idée excellente, d’ailleurs, car Péladan, à défaut de sensibilité véritable, avait trouvé le moyen, comme de rares hommes seulement au cours des siècles, d’emmagasiner en lavaste gibecière de sa mémoire toute la production intellectuelle depuis la plus haute Antiquité jusqu’à lui ! Il avait tout retenu, pour ainsi dire ! Mémoire sans défaillance, mais jugement incertain parfois! Néanmoins, sa vaste érudition faisait de lui une bibliothèque ambulante et «portative». Cela devait me rendre, en l’occurrence, un signalé service.

Je lui fis part de mon désir et de mon embarras ! Ventre en avant, regard lointain, entrecroisé, œil droit sortant de l’orbite, tombant et larmoyant; cheveux en nid d’hirondelle, ce personnage hautain, distant, me tint le langage suivant:

«Jeune homme, vous cherchez un sujet ? Voyez Métastase, le plus grand homme de théâtre du XVIIIème siècle italien, et peut-être le plus grand dramaturge de tous les temps... Pompez toutes ses tragédies !

Faites votre choix! (sic) Vous pouvez feuilleter Métastase à Ste. Geneviève ou à la Nationale.»

"Lemaître des maîtres, J.S. Bach, l’avait fait -et de quelle manière-pour la liturgie protestante.J’ai pensé qu’il était nécessaire de doter le culte catholique d’une œuvre d’ensemble conçue dans le même esprit, avec cette différence que le plus grand des musiciens a basé son art sur le choral protestant, en se servant du système tonal, dans l’immense partie de son œuvre.Quant à moi, j’ai commenté le chant grégorien d’après le système modal qui ne saurait exclure le chromatisme, d’ailleurs. Frescobaldi (1587-1654), notamment, avait donné l’exemple d’un chromatisme extrêmement hardi. Il n’y avait donc aucuneraison

de ne pas le suivre, tout en le dépassant dans ses hardiesses.Les grands maîtres de la modalité: Frescobaldi, en Italie; Buxtehude, en Allemagne; De Grigny et Titelouze, en France, sont les grands pionniers de la modalité ancienne.

J.S. Bach a fait ce que le XVIIème siècle littéraire français a réalisé, il a nonobstant son génie transcendant-tuél’art modal... exactemen comme Racine, Molière, Corneille ont détruit l’admirable etincomparable langue de Rabelais...On voit donc l’intérêt qu’il y avait à remonter à la source de la «modalité», afin de développer un art qui n’avait pas jusqu’à ce jour refleuri en toute liberté... Il fallait reconstruire".

 "J’allais oublier de dire qu’il m’incita(!)à écrire L’Orgue Mystique. Ingénument, il m’avoua, au lendemain de la fin de cette œuvre gigantesque, qu’il n’aurait jamais pensé que j’aurais eu la puissance d’aller jusqu’au bout.Son étonnement le paralysa au point que ses mains et ses pieds se refusèrent, automatiquement, à rendre hommage aux 25 pièces de L’Orgue Mystiquequi lui sont dédiées".

 "Langlais Très doué Compositeur distingué Organiste excellent Improvisateur charmant".

 "Courmes Ancien officier aviateur.Cinéaste, employé de banque, chef d’orchestre, compositeur, etc, etc.Medevra jusqu’à la fin des temps: 350 francs"

 

 

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  • Je suis pianiste-organiste grand amateur mais je souhaite progresser et acquérir une qualité professionnelle par l'application de la méthode de Marie Jaëll restituée aux différents claviers.
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